Ce réquisitoire est tiré d'un documentaire fourni par le Ministère de la Justice, retraçant l'histoire judiciaire de cinq adolescents. Ici, le procureur prononce ses réquisitions contre Kevin, 17 ans, déjà quatre fois condamné, auteur principal du racket avec violence.
Le racket, c’est la négation d’autrui. La personne qu’on agresse pour lui voler ce qu’elle possède n’existe pas. Elle est réduite à néant. Elle ne vaut que par sa valeur marchande. Michaël vaut cent euros. En ce qui concerne Kevin, il est évident que la tâche n’est pas facile pour votre juridiction, et Kevin ne vous a pas facilité cette tâche. Kevin, lorsqu’il a commis ces faits, était dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve comportant un certain nombre d’obligations. Il n’y avait pas comme obligation celle d’agresser les gens, donc déjà c’est un élément extrêmement favorable. Les faits ont duré sur plusieurs mois, pendant cette mesure qui lui était destinée. Et ça non plus, ce n’est pas bon. L’attitude qu’il a eue à l’audience, absolument désinvolte, agressive, je-m’en-foutiste, clownesque, je dirais, le dessert. Alors s’il veut être confronté à la loi, comme disent les psychologues, eh bien qu’il y soit. Et s’il veut voyager, je propose directement un appartement avec une vue imprenable, en tout cas imprenable de l’extérieur, s’entend, c’est-à-dire la maison d’arrêt. Je peux difficilement faire d’autres propositions : il ne vous a rien mis sur la table qui permette d’aller en faveur d’une autre décision. Néanmoins, je vais vous demander de bien vouloir condamner Kevin à une peine de neuf mois d’emprisonnement, dont six ferme, les trois autres étant assortis d’une mise à l’épreuve comportant l’obligation de se soigner, et notamment de se soigner par rapport à l’alcool, par rapport à la toxicomanie qui est toujours présente même si on ne l’a pas beaucoup abordée aujourd’hui, et l’interdiction de rencontrer la victime.