Je me réveille le matin, fais manger les enfants,
prends les ciseaux et réfléchis :
pas aujourd'hui
peut-être demain.
J'envoie la fillette à l'école,
chaussons de danse dans le sac à dos,
ma petite ballerine.
Je prends le couteau et teste la lame...
pas aujourd'hui
peut-être demain.
Je t'envoie au boulot,
serviette noire, t'embrasse à la porte.
Je monte sur le toit, quel vent agréable. Pas compliqué.
Peut-être demain.
Si tu ne vas pas cette nuit
dans la chambre de ma fille.
J'espère et j'espère et j'espère
que cette nuit tu n'iras pas
et tout ira bien.
Je fais un rêve où je tue ta mère et ton père
et ta soeur et je tire et
je tire et je cogne et je cogne.
Si tu vas cette nuit
dans la chambre de ma fille.
Je te ferai des gâteries
si tu ne vas pas dans la chambre de ma fille.
Ce n'est pas ta nature,
tu n'es pas un homme dont parlent les journaux,
t'es mon homme à moi, bon et gentil,
ne va pas dans la chambre de ma fille.
En pensée je supplie et je prie
et je raconte à tout le monde.
Mais je ne le fais pas,
je frappe la petite ballerine
et je lui dis de n'en parler à personne
Jamais jamais.
J'imagine qu'aujourd'hui est le jour,
le jour où on part, ma fille et moi
pour ne jamais revenir,
mais jamais on ne part.
Pas aujourd'hui.
Peut-être demain.