Mon pire ennemi

Dans ce récit sous forme d'énigme, Sinik dénonce les effets pervers du cannabis. A travers une personnification que l'auditeur est prié de percevoir sans qu'elle soit jamais explicitée, la drogue apparaît comme le "pire ennemi" de l'auteur.

Sinik, « Mon pire ennemi », Sang froid (2006)


J'ai fait sa connaissance à Fleury

Dans une cellule où j'étais inculpé

Il paraitrait qu'il vient du bled

Son truc c'est le racket

Certains se font dépouiller leur tune

C’est une vraie brute, il a une peau de couleur brune

On me l'a présenté, mais on m'a averti

On m'a bien dit: "Fais attention, ne sympathise pas avec lui"

Il fait mal au cerveau, c'est un traitre, une s***,

En promenade les bagarres sont de sa faute.

Nous étions trois dans une cellule avec deux lits

Bizarre mon co-détenu avait toujours besoin de lui

Je regardais les frères, autour de lui ils étaient trop, ils rigolaient,

Je me suis dit qu'il était drôle.

C’en était trop, je désirai le rencontrer,

J'étais curieux j'voulais savoir ce qu'il pouvait me raconter.

Puis on m'a libéré, de zéro je repars,

J’étais sûr et certain de ne plus jamais le revoir.



(Refrain)


Je traîne avec mon pire ennemi,

Je ne sais toujours pas pourquoi je l'apprécie,

Pourquoi on l'aime à la téci.

J’ai qu'une envie c'est qu'il me quitte,

Qu'on arrête de faire équipe.

Quand je le fuis il me suit,

Quand je le fume il me quitte.


Je suis revenu au tierquar,

Comme une poussière dans un aspirateur

J’ai vu que même chez moi il a des fans et des admirateurs.

Les gens le détestent mais reconnaissent l'avoir kiffé,

J’ai été surpris quand je l'ai vu une heure après l'avoir quitté.

Puis j'ai compris qu'il faisait partie de la bande,

Qu'il t'aide à remonter la pente, qu'il rapporte plus que la banque.

J'pensais qu'il était cool, j'voulais qu'il m'aide à écrire,

En aucun cas qu'il me rende bête et amaigri.

Capable de me faire oublier une vie aussi stressante,

Sa présence est pesante, elle est toujours omniprésente.

J'avais besoin de lui comme beaucoup d'autres,

Mais il est rare, son amitié se partage au couteau.

Quand il s'absente, dans les tierquar c'est le pêtage de plomb

Les plus agressifs s'en prennent à leur p*** de blonde

Il s'évapore comme un voleur, me gêne quand je suis au volant

De moins en moins drôle, de plus en plus violent.


(Refrain)


Les années sont passées, ce fils de p*** est toujours là,

Hier encore j'ai vu un mort à cause de lui dans le journal.

Nous sommes en guerre et j'en ai marre,

Il se permet de rigoler

Quand moi je pleure à la mémoire de ma mémoire.

Je le déteste, c'est dur à dire mais je l'ai dans la peau

Les policiers me cassent les c*** quand je l'ai dans la poche

Ses amis sont dangereux,

La rumeur dit qu'ils ne font pas de cadeau,

Qu'il ne voyage que par bateau.

Si j'ai un fils, je lui dirai "si tu le croises, ne l'écoute pas

Et reste droit si tu veux pas que j'te froisse"

Il circule dans les veines, de préférence de nuit,

Me persécute et exécute mon espérance de vie.

A ma gueule au fil du temps ça fait mal,

Il change les mâles en femelles,

Les sportifs en flémards.

C’est un meurtrier,

Il a tué ma vie et mon adolescence,

La pire de mes connaissances.

Œuvre : Sang froid
Auteur : Sinik
Parution : 2006
Siècle : XXIe

Thèmes

drogue, dépendance

Notions littéraires

Narration : Sans objet
Focalisation : Sans objet
Genre : Chanson
Dominante : Argumentatif
Registre : Lyrique
Notions : personnification, argumentation indirecte

Entrées des programmes

  • 3e - Vivre en société, participer à la société : dénoncer les travers de la société
  • 2nde - La littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle
  • 1ere - La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle : métamorphoses esthétiques

Les figures de style et procédés d'écriture

  • Antithèse
  • Comparaison

Textes et œuvres en prolongement

Baudelaire, "Le Poison"