Quand j'eus fini mon repas, il me convia à venir m'asseoir avec lui près de la cheminée et m'offrit un cigare tout en s'excusant de ne pas fumer lui-même. Je profitai de l'occasion pour l'examiner de près. Son visage, avec son nez aquilin et effilé, ses narines particulièrement larges, exprimait la force. Il avait le front bombé, des cheveux clairsemés au niveau des tempes mais abondants ailleurs. Ses sourcils broussailleux se rejoignaient presque au-dessus du nez. La bouche avait quelque chose de cruel, et les dents, particulièrement pointues et très blanches, avançaient au-dessus de ses lèvres dont la couleur rouge vif témoignait d'une vitalité étonnante pour un homme de son âge. Il avait un menton large et fort, et des joues d'une extraordinaire pâleur. J'avais déjà remarqué le dos de ses mains qui m'avaient paru blanches et fines, mais à la lueur du feu, je constatai qu'elles étaient plutôt grossières - larges, avec des doigts épais et, curieusement, des poils au milieu des paumes. Les ongles étaient cependant longs et taillés en pointe. Alors qu'il se penchait vers moi et m'effleurait la main, je ne pus réprimer un frisson, sans doute dû à son haleine fétide. Remarquant ma réaction, il recula aussitôt et, avec une sorte de sourire sinistre qui révéla davantage ses dents proéminentes, il reprit sa place près de la cheminée.
Traduction de Josette Chicheportiche