Tous connaissent le cabaret de Pierrot, à l’angle de la rue Saint-Antoine et de la rue du Petit-Musc, vieille maison à colombage, avec des fenêtres à petits carreaux et des rideaux blancs en dentelle. La salle du rez-de-chaussée, aux poutres de bois, contient trois tables rondes en noyer, une cheminée et un grand baquet pour la vaisselle. Ses murs sont décorés de pancartes peintes vantant la vigne et les vaches dans les prés. Ici, on propose des repas honnêtes. L’enseigne, qui pend au milieu de la rue, annonce Au Juste Prix. Le nom est mérité, car pour cinq sous, on mange de la soupe, de la viande, du pain et on boit de la bière à suffisance.
Pierrot, à la silhouette trapue, aux cheveux coupés court sur son front étroit, au visage légèrement coloré par l’amour du bon vin, déborde de chaleur et de générosité. Il a recueilli son neveu lorsqu’il est devenu orphelin, à la suite d’une épidémie de rougeole qui a emporté ses parents.